Extrait :
1. Une atmosphère fiévreuse
Aéroport de Santa Marcia – 17 mars 2023
Violaine sentit une bouffée de chaleur l’envahir lorsqu’elle sortit de l’avion. Elle avait quitté Marseille dans le froid et la grisaille, et se retrouvait soudain sous une moiteur étouffante. Cette ambiance oppressante devenait l’écho de son anxiété. C’était comme si une ombre inquiétante planait sur elle.
Excitée et nerveuse à la fois, tentant de se ressaisir, elle aspira goulûment l’air chaud et humide. L’atmosphère fiévreuse la pénétrait, s’infiltrait dans ses pores. La jeune femme savait qu’elle s’engageait dans une mission qui pourrait s’avérer dangereuse, mais elle était déterminée.
Elle avait rendez-vous avec Joao Concalvez, un membre de Sauvons nos îles, une association locale qui s’opposait au projet d’extension d’une exploitation d’huile de palme. C’était un planteur qui cultivait du cacao, du café et des fruits sur un terrain qui lui appartenait. Un homme qu’elle ne connaissait qu’au travers des quelques mails qu’ils avaient échangés, mais déjà, elle était prête à lui accorder sa confiance tant elle l’avait perçu sincère et engagé. Elle espérait le reconnaître grâce à la photo qu’il lui avait envoyée.
Violaine se dirigea vers le terminal en suivant le flot des passagers. Elle ajusta son sac à dos contenant ses affaires personnelles et son matériel de travail : un ordinateur portable, une caméra et une mallette grise en carbone. Elle franchit le contrôle des passeports sans encombre et se rendit au tapis roulant pour récupérer sa valise. Elle savait qu’elle devait être discrète, et même prudente. On l’avait prévenue. Elle n’était sûrement pas la bienvenue sur cette île, du moins, pas aux yeux des dirigeants de Palma Oïl et de ses actionnaires.
Écologue, spécialisée dans la préservation des forêts tropicales, Violaine Avalo était passionnée par la biodiversité et les droits des peuples autochtones. Depuis plusieurs mois, elle suivait de près la situation de Santa Marcia-et-Malora, un archipel qui composait le plus petit pays d’Afrique, au large du golfe de Guinée. Un endroit où la beauté et la misère coexistaient, un lieu où la nature se battait contre les mains avides de l’homme. C’était à Santa Marcia, dénommée « L’île cacao », qu’était implantée l’entreprise Palma Oïl qui prévoyait d’étendre ses plantations de palmiers à huile sur des milliers d’hectares.