Extrait :
"Il ignorait que ce voyage allait changer son destin, même si, tout au fond de lui, une petite voix qu’il refusait d’entendre lui murmurait de se tenir sur ses gardes.
Dès l’ouverture de la porte du Boeing 747, Antonin ressentit cette moiteur de l’air si particulière, reconnaissable dans tous les pays tropicaux. À peine avait-il sorti son sac du compartiment à bagages que l’hôtesse l’invita à descendre sur le tarmac – le privilège d’un voyage en première.
Il jeta un coup d’œil vers l’arrière de l’avion. Gabriel était toujours dans les toilettes. Livide, au bord de la nausée, il s’y était précipité dès l’arrêt de l’appareil, bousculant hôtesses et stewards. Antonin soupira, il ne pouvait pas sortir et laisser son frère seul. L’avion se vidait rapidement et, en bas des marches, un bus attendait les passagers pour les conduire jusqu’au terminal de l’aéroport.
Gabriel, nerveux, arriva enfin. Il avait repris des couleurs.
— Ça va mieux ? N’oublie pas tes papiers, chuchota Antonin.
Gabriel attrapa son sac sans lui répondre. Tête baissée, il se glissa derrière lui et se mit à le suivre comme son ombre.
— Au revoir, Messieurs, je vous souhaite un excellent séjour, dit l’hôtesse en anglais.
On était au tout début de la nuit, mais la température extérieure avoisinait encore les 27° sur Bandaraike, l’aéroport international de Colombo au Sri Lanka.
Assis côte à côte dans le bus, les deux hommes étaient pressés d’arriver après plus de 10 heures de vol. Antonin s’inclina devant une jeune fille en face de lui qui parlait à l’oreille de son ami."