Extrait :
Le notaire allait nous inviter à nous asseoir lorsqu’un homme fit irruption dans le bureau. La secrétaire affolée le tirait par le blouson pour le retenir.
— Quel joli tableau ! ironisa l’énergumène.
Grand, brun, les cheveux hirsutes et une barbe de huit jours, l’individu détaillait la scène avec un regard furieux.
— Nathan ! s’écrièrent en même temps tous les membres de la famille Maréchal, manifestement surpris par sa présence.
Bouche bée, les yeux écarquillés, tous suivaient les gestes du gaillard qui s’avançait vers moi, l’air menaçant.
— Et vous, qui êtes-vous ? Quel est votre rôle dans cette farce ? jeta-t-il, d’un ton désobligeant.
Indignée, j’allais répondre, mais Maître Rousselet qui avait repris ses esprits avant moi, dégaina le premier.
— Monsieur, je vous interdis ! Ceci est un rendez-vous privé pour une affaire qui ne vous concerne en rien, je vous prie de…
Le jeune homme l’interrompit sans ménagement.
— Qui ne me concerne en rien ! Votre incompétence dépasse les bornes ! rugit-il.
Là encore, j’allais répondre en m’insurgeant, mais cette fois-ci, je fus prise de vitesse par Gisèle Maréchal.
— Je t’en prie, Nathan, calme-toi, je vais t’expliquer.
Nathan fit volte-face, pour se retrouver nez à nez avec elle.
— M’expliquer, mais m’expliquer quoi, chère belle-maman, que tu es en train de me spolier ?
— Non, je t’en prie, assieds-toi s’il te plaît, et parlons calmement.
Cette scène était surréaliste. J’essayais de comprendre. Qui était ce Nathan ? Je me souvenais avoir vu dans le dossier la procuration d’un certain Nathan Maréchal, le premier fils de Denis Maréchal. Le notaire fit une nouvelle tentative d’apaisement.
— Monsieur, acceptez de vous asseoir. Je vous en prie, prenez place, lui dit-il en lui présentant une chaise.
Puis, il se tourna vers sa secrétaire :
— Merci, Mariette, vous pouvez nous laisser.
Toujours prête à bondir, elle quitta le bureau à regret en jetant des regards suspicieux vers cet inconnu.
— Ainsi, vous êtes… ? reprit Maître Rousselet.